Chapitre 3 : De la pratique de la Stylographie et son enseignement, premières impulses
Nous avons mis en place, entre 2003 et 2008, une série d’ateliers de dessin au stylo reposant sur la base du fonctionnement de la langue comme système de signes combinant et alternant des unités minimales insécables pour produire le sens avec comme thèmes : symétrie, alternance, combinaison, association, harmonie, équilibre, opposition, contraste, etc.
Les concepts de compétence et performance tels que développés par le linguiste américain Noam Chomsky dans les années 1960 nous ont beaucoup aidé à développer notre propre méthode. La distinction entre compétence et performance (connaissance inconsciente que le locuteur-auditeur aurait de sa langue versus l’emploi effectif de la langue dans des situations concrètes) est centrale dans notre démarche de vulgarisation de la technique de dessin au stylo ou du graphisme en général. Selon Chomsky, tout locuteur natif possèderait une connaissance innée des mécanismes de sa langue et serait même capable d’émettre un jugement (« juste » vs « faux ») sur les productions linguistiques émises : principe d’acceptabilité. Cette assertion de Chomsky est rigoureusement discutée et est très discutable sous bien des aspects (Cf. la réfutation qu’en fait Boltanski, 1999 : 15-29); nous ne retenons ici que cette vague intuition mentale inconsciente que les locuteurs natifs ont de leur langue qui ne correspond ici aucunement à une maîtrise parfaite de la grammaire de la langue en question. Ceci pousse, par analogie, à croire en l’existence d’une faculté inhérente à l’Etre humain qui lui permette de se situer dans le monde qui l’entoure et de s’auto-représenter (sorte de perception-représentation), de transformer virtuellement ce monde en réalité symbolique. Bref, c’est l’imaginaire (« images mentales ») au service de l’expression.
Les concepts chomskyens, « performance », « compétence », « grammaire mentale » ou « grammaire universelle », nous ont beaucoup aidé à affiner notre propre méthodologie : l’accent étant mis sur la faculté de langage et surtout la capacité (innée ?) de représentation et d’expression linguistique et graphique. Autrement dit, partir des productions linguistiques et artistiques, pour entrer dans l’esprit et l’âme de l’être humain qui les produit et ainsi tenter de mieux le comprendre afin de mieux participer au développement de ses capacités cognitives à travers l’art au même titre que les différentes disciplines enseignées à l’école telles que les mathématiques, le travail manuel, la biologie, etc.
C’est, en somme, être animé par le souci de ne pas se limiter à l’analyse des productions (linguistiques) et davantage s’intéresser à l’Etre dans sa globalité et sa complexité. Ceci nous amena à mettre en place un Workshop visant12 justement à utiliser l’art pour développer les capacités logiques et émotionnelles en se fondant sur les mécanismes primaires du langage humain. Ainsi, en plus de l’initiation aux techniques graphiques, l’objectif visé, en procédant de la sorte, était de pousser la démarche pédagogique et didactique dans la perspective d’une bonne articulation entre expression artistique et expression linguistique. Notre ambition était aussi de transmettre les vertus formatrices et pédagogiques inhérentes à la pratique de cette technique de dessin au stylo : sens de l’organisation, de la rigueur, de la patience, de l’attention, de l’endurance et surtout capacité à se remettre perpétuellement en question.
L’influence de linguiste ne se limite pas à Chomsky. Elle s’élargit aux théoriciens structuraliste et fonctionnaliste tels que Saussure (« arbitraire du signe », langue perçue comme « système de signes », etc.), Jakobson (similarité de sa conception avec celle de Saussure considérant la linguistique comme la science qui se spécialise dans l’étude du « signe » de manière générale), Bloomfield (l’importance des occurrences et de la distribution dans l’identification et la définition du signe linguistique) et Hjelmslev (séquençage du cène et du sèmes en plusieurs unités minimales, les cénèmes et sémèmes). Ces choix opératoires nous seront plus tard très
utiles dans l’observation et l’analyse de nos corpus et aussi des productions linguistiques et graphiques des élèves dans le cadre de l’enseignement de langue (étrangère). Ils permettent et facilitent une observation personnalisée et objective afin d’apporter les corrections individuelles et collectives nécessaires.
Extraits pp.11-12 LE SIGNE, © Papa Oumar Fall, Stuttgart 2014




Kapitel 3: Von der Praxis der Stylografie und ihrem Unterricht, erste Impulse
Wir haben zwischen 2003 und 2008 eine Reihe von Workshops zum Zeichnen mit dem Stift eingeführt, die auf der Grundlage der Funktionsweise der Sprache als Zeichensystem beruhen, das untrennbare Minimaleinheiten kombiniert und abwechselt, um Bedeutung zu erzeugen, mit den Themen: Symmetrie, Abwechslung, Kombination, Assoziation, Harmonie, Gleichgewicht, Opposition, Kontrast etc.
Die Konzepte von Kompetenz und Performanz, wie sie der amerikanische Linguist Noam Chomsky in den 1960er Jahren entwickelt hat, haben uns bei der Entwicklung unserer eigenen Methode sehr geholfen. Die Unterscheidung zwischen Kompetenz und Performanz (unbewusstes Wissen, das der Sprecher-Hörer über seine Sprache hätte, versus tatsächlicher Gebrauch der Sprache in konkreten Situationen) ist zentral für unseren Ansatz, die Technik des Zeichnens mit dem Stift oder die Grafik im Allgemeinen zu popularisieren. Chomsky zufolge verfügt jeder Muttersprachler über ein angeborenes Wissen über die Mechanismen seiner Sprache und ist sogar in der Lage, ein Urteil („richtig“ vs. „falsch“) über die geäußerten Sprachproduktionen abzugeben: das Prinzip der Akzeptabilität. Diese Behauptung Chomskys ist streng diskutiert und in vielerlei Hinsicht sehr fragwürdig (vgl. die Widerlegung durch Boltanski, 1999: 15-29); wir behalten hier nur die vage, unbewusste geistige Intuition, die Muttersprachler von ihrer Sprache haben und die in keiner Weise einer perfekten Beherrschung der Grammatik der betreffenden Sprache entspricht. Dies führt analog dazu, dass man an die Existenz einer dem Menschen innewohnenden Fähigkeit glaubt, die es ihm ermöglicht, sich in der ihn umgebenden Welt zu verorten und sich selbst zu repräsentieren (eine Art Wahrnehmung-Repräsentation), diese Welt virtuell in eine symbolische Realität zu verwandeln. Kurzum, es ist das Imaginäre („geistige Bilder“) im Dienste des Ausdrucks.
Die Chomskyschen Konzepte „Leistung“, „Kompetenz“, „mentale Grammatik“ oder „Universalgrammatik“ haben uns sehr dabei geholfen, unsere eigene Methodik zu verfeinern: Der Schwerpunkt liegt auf dem Sprachvermögen und vor allem auf der (angeborenen?) Fähigkeit zur Darstellung und zum sprachlichen und grafischen Ausdruck. Mit anderen Worten: Ausgehend von sprachlichen und künstlerischen Produktionen in den Geist und die Seele des Menschen eindringen, der sie produziert, und so versuchen, ihn besser zu verstehen, um besser an der Entwicklung seiner kognitiven Fähigkeiten durch die Kunst teilzuhaben, genauso wie die verschiedenen Fächer, die in der Schule gelehrt werden, wie Mathematik, Handarbeit, Biologie etc.
Das bedeutet, dass wir uns nicht auf die Analyse von (sprachlichen) Produktionen beschränken, sondern uns mehr für das Sein in seiner Gesamtheit und Komplexität interessieren. Dies veranlasste uns, einen Workshop12 einzurichten, der darauf abzielte, die Kunst zur Entwicklung logischer und emotionaler Fähigkeiten zu nutzen, indem er auf den primären Mechanismen der menschlichen Sprache aufbaute. Neben der Einführung in grafische Techniken sollte auf diese Weise auch der pädagogische und didaktische Ansatz weiterentwickelt werden, um eine gute Verbindung zwischen künstlerischem und sprachlichem Ausdruck herzustellen. Unser Ziel war es auch, die pädagogischen und pädagogischen Tugenden zu vermitteln, die mit der Ausübung dieser Zeichentechnik verbunden sind: Organisationstalent, Genauigkeit, Geduld, Aufmerksamkeit, Ausdauer und vor allem die Fähigkeit, sich selbst immer wieder in Frage zu stellen.
Der Einfluss als Linguist beschränkt sich nicht auf Chomsky. Er erstreckt sich auch auf strukturalistische und funktionalistische Theoretiker wie Saussure („Willkür des Zeichens“, Sprache als „System von Zeichen“, etc. ), Jakobson (Ähnlichkeit seiner Auffassung mit der von Saussure, wonach die Linguistik die Wissenschaft ist, die sich auf die Untersuchung des „Zeichens“ im Allgemeinen spezialisiert), Bloomfield (Bedeutung des Vorkommens und der Verteilung bei der Identifizierung und Definition des sprachlichen Zeichens) und Hjelmslev (Sequenzierung des Cenems und des Semems in mehrere minimale Einheiten, die Cenems und Semememe). Diese operativen Entscheidungen werden uns später sehr bei der Beobachtung und Analyse unserer Corpus und auch der sprachlichen und graphischen Produktionen der Schüler im Rahmen des (Fremd-)Sprachenunterrichts nützlich sein. Sie ermöglichen und erleichtern eine personalisierte und objektive Beobachtung, um die notwendigen individuellen und kollektiven Korrekturen vornehmen zu können.
Auszüge S.11-12 LE SIGNE, © Papa Oumar Fall, Stuttgart 2014
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